11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 00:00

Ce matin je me réveille naturellement, comme ceux qui savent pas dormir se réveillent la nuit pour capter l'heure du radio-réveil et se recoucher. Je me lève donc naturellement un peu après l'heure du réveil habituel. Ca tombe bien, la veille, dimanche, j'avais oublié de programmer le réveil.

 

Parti un tout petit peu en retard, je me dis dans l'ascenseur que le réveil sonnera donc pour rien vers 11h ou 11h30. Peut-être que ça réveillera les voisins. Arrivé en bas, je vois un mec en train de changer la roue de sa mercedes. Je me dis que ceux qui ont des voitures doivent sortir des excuses débiles quand ils arrivent en retard au bureau : "j'ai crevé, j'ai dû sortir le crick, je te dis pas la galère".

 

Hier soir, j'ai laissé mon vélo à un endroit assez inhabituel. Je le mets ici de temps en temps pour pas le laisser tout le temps au même endroit. Un peu comme les voitures devant lesquelles on passe devant chaque jour. Au bout de quelques mois, ce n'est plus qu'une carcasse. Alors, on passe devant une carcasse tous les jours.

 

D'abord, je me dis qu'il est pas à la barrière où je l'ai posé la veille. Et puis en avançant un peu plus, je dégage un tronc d'arbre de l'alignement et je peux voir le poteau où est attaché mon vélo. Ok, tout va bien. Jusqu'à ce qu'au bout de quelques mètres à rouler, je me rends compte que la roue arrière est crevée. Merde.

 

Bon, ç'aurait pu être pire, la roue avant n'a rien. Prochain feu rouge. La roue avant aussi. Merde de merde. Ok, les 45 minutes de vélo pourraient bien se transformer en 1h30. Je ferai bien d'y aller en métro aujourd'hui.

 

Et juste à côté de l'arrêt de métro, il y a... Décathlon ! L'ami des vélos. En plus ça tombe bien c'est pas trop cher. 5€ la pose de chambre à air ou de pneu. Pendant que deux autres gars qui ont sincèrement l'air con (mais ça ne sert pas l'histoire) se font servir, je patiente en remarquant - spectateur - les traces de couteau dans les pneus. Mes pneus. Putain.

 

- Bonjour.

- Bonjour, j'ai eu une mauvaise surprise ce matin, mes deux roues sont crevées. Enfin, je sais pas si c'est chambres à air ou des pneus...

 

Il prend mon petit vélo et l'installe sur un crochet d'examen.

 

- Vous avez des voisins sympas.

- Boarf, je sais pas, j'ai dû le garer au mauvais endroit.

 

Je patiente aussi en additionnant les prix affichés et en multipliant par le nombre de roues à traiter. S'il faut aussi les dévoiler, ça fait en tout... 23€. Putain de putain. Il me reste 3 semaines à aller au travail. Soit 30 trajets. 28 puisque je suis en congés jeudi. Admettons que je ne me serve plus de mon vélo, en déduisant les 8 tickets de métro que j'ai déjà, ça me fait 2 carnets de 10 à acheter. Soit 23,20€. Ca colle. Mais ça veut dire que s'il m'annonce un prix au-dessus de... disons 30€, je refuse. Ou au moins je réfléchis.

 

- 48,80€

- D'accord !

 

J'y tiens à mon vélo.

Et oui, c'est plus cher de changer la roue arrière. Et il faut ajouter au prix affiché, l'achat du produit.

 

- Je peux vous le faire en une demie-heure.

- En fait il faut que je parte au travail, je peux vous le récupérer ce soir ?

- Heu... C'est qu'on a pas trop de place pour les stocker. Vous pouvez passer entre midi et 2 ?

- Ben je bosse dans le 9e...

- Bon, ce soir sans faute ?

- Ok, j'essaie de passer à 19h.

 

Bon. Ben ça y est, je suis tout nu. Je dois même marcher comme un piéton pendant 150 mètres pour prendre le métro. Heureusement, j'avais prévu mon bouquin. Oui, depuis ce matin quand je me suis levé avec 20 minutes de reatrd, j'essaie de trouver à tout des cadeaux cachés. Genre : "hey, c'est génial, tu te serais pas précipité à te brosser les dents si tu t'étais levé à l'heure" ou "hey, c'est top t'aurais pas dit bonjour à ce mec super cool de chez Decathlon si on t'avait pas crevé tes pneus (ou tes chambres à air)". Voilà.

 

Sur le chemin du métro, j'appelle mon entreprise (l'endroit où je fais des choses productives) comme le font les gens qui ont la classe. Ce sera un retard de trois quarts d'heure sur mon habitude, alors cela mérite d'être signalé. "hey, c'est excellent, t'aurais pas pu appeler ton entreprise si tu t'étais réveillé à l'heure et si on t'avait pas charcuté ton vélo et si t'avais pas été le faire réparer".

 

Au travail, ça a été. J'ai juste quitté plus tôt que d'habitude pour pouvoir passer à Decathlon à temps. "hey c'est super, j'aurais pas pu profiter de cette horrible pluie si j'avais pas quitté plus tôt". Decathlon, je paie à une caisse automatique avant de récupérer mon vélo. Je me rends compte que j'aurais pu faire semblant de payer, bah c'était pareil. Le monsieur m'aurait rendu mon vélo.

 

Coup de fil en attendant que la pluie se calme. Il faut quand même que je me fasse plaindre par quelqu'un de proche. En dehors des réglementaires 20 secondes de compassion de la part des collègues ce matin. La voix à l'autre bout du fil me conseille de monter mon vélo chez moi maintenant. "hey, c'est une idée formida..."

 

- Heu mais non, chez moi, ça fait 20m².

- Comme tu veux.

- Ouais nan, laisse tomber.

 

Bon, la pluie ne s'est pas calmée. Tant pis, au point où j'en suis, franchement, être sec ou trempé... Je grimpe un trottoir de biais comme d'habitude, mais apparemment, j'ai pas les mêmes pneus que la semaine dernière. Je veux dire, c'est aussi un modèle différent. C'est des trucs de bikers, de vtt ou de cross, je sais pas. Du coup, ben je me ramasse, enfin, je me rattrape, mais je ramasse mon vélo. "hey c'est canon, t'aurais pas déraillé ni tordu ta selle et ton guidon si il t'était pas arrivé toutes ces MERDES AUJOURD'HUI!!"

 

Finalement, je me sens pas de remettre mon vélo au même endroit, ni à l'endroit habituel (rappelons que le lieu du délit est distinct du lieu d'attache quotidien). Voilà, maintenant je suis chez moi, "hey c'est merveilleux, tu aurais jamais été chez toi à 19h15 si..." Si c'était pour perdre une heure à écrire ça, j'aurais préféré me lever à temps et aller travailler à vélo.

 

Et le cadeau caché enfin. Quand j'avais onze ans, je faisais du vélo et de la trottinette en chaussettes dans l'appartement. Un peu à la manière du petit dans Shining avec son tricycle. Et là, à 20 ans dans 20m², je retrouve le contact des pédales sur les chaussettes et celui du vélo sur la moquette.

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