Les bancs des Jardins du Palais Royal à Paris ont deux faces. On peut s'asseoir des deux côtés. Et ils sont relativement inconfortables. On y est assis comme on est assis sur une chaise faite-maison par un grand-père, avec des planches et des clous. Le dossier et le socle sont en angle droit.

Ca n'a sans doute pas grand chose à voir avec cette histoire d'angle, mais un Yann et une Sofia s'aiment. Ils se reposent d'avoir marché de 14h à 15h30, sur un banc des Jardins du Palais Royal à Paris. Elle s'allonge, lui est assis. Elle a sa tête sur ses cuisses, il lui caresse la clavicule.

Et - ça a sans doute quelque-chose à voir avec le fait que ces bancs permettent de s'asseoir des deux côtés - à la même heure sur le même banc, Anne, qui a promené son chien, lit Victor Hugo. De l'autre côté du banc.

Léanna, Solène, Mégane, Kévin, Anaïs et Rayan chahutent au soleil - Philippe décuve à l'ombre.

Christophe soigne le genou de Louise - Inès lit ses mails en sentant le chlore.

Agnès quitte José - Ismaël va avoir une aventure avec Hervé.

Ça s'écrie - ça s'effleure.

Ça vit - ça pleure.

C'est comme ça, ces bancs le permettent: il y a souvent deux ambiances différentes sur les deux faces du même banc, aux Jardins du Palais Royal à Paris.

Tu entends "je suis fatiguée" avec un "e"

Ca n'a pas la même valeur

Ca sent les jambes, ça sent le feu

Ca sent la candeur

Tant que tu pourras pérégriner de temps en temps sans faire attention à ta direction.

Tant qu'en Europe, tu tomberas sur des épiceries qui vendent du manioc.

Tant que tu dénicheras des espaces verts labellisés, insoupçonnés.

Tant que tu pourras prendre en photo des vélos qui traversent des ponts.

Tant que tu riras de voir un enfant jouer dans une fontaine publique.

Tant qu'il y aura des immigrés, des écolos, des cyclistes, des enfants.

Tant qu'il y aura la ville.

Alors, tu seras libre. Et il ne conviendra pas de s'inquiéter.

-On commence une nouvelle vie là.

-Ouais!

-Non, pas ouais, on commence vraiment une nouvelle vie là. Pendant toute leur vie, nos parents se sont fixés. Ils ont commencé par déjeuner à 13 heures certains jours, à midi d'autres jours, à 2 heures d'autres jours. Et puis avec le temps, ils sont devenus médians, ils ont toujours mangé à 12h30, sauf le dimanche: vers 13h15. Et nous là, quelques années après être partis de chez eux, en vivant ensemble, on commence un nouveau processus: une vraie nouvelle vie. C'est pas juste parce que tu changes de travail, pas juste parce qu'on change de quartier. On entame là quelque-chose sur quoi on se retournera !

-Tu veux déjeuner ou on saute le repas?

C'était le morceau parfait pour dire à tous ses amis ce qu'elle ressentait.

Elle aurait voulu passer toute la fête avec ce fond sonore.

Mais au bout de 4 minutes le morceau était terminé, pas la fête. Alors c'était une fête comme une autre.