Tu te réveilles dans une maison de ville. Une maison de petite ville bourgeoise de province. Genre les rues de Livry-Gargan ou de Savigny-sur-Orge mais en moins grises, sans les arbres volontairement tristes toute l'année, plus ensoleillées, plus provinciales.
Tu ne sais pas l'heure et tout le monde dort encore. De temps en temps il y a une voiture qui passe. Mais alors vraiment de temps en temps, et pas trop vite. En passant devant l'horloge de la cuisine restée bloquée à l'heure d'hiver depuis Octobre 2009, tu veux croire qu'il est encore plus tôt.
Il fait jour alors tu mets des chaussures sans chaussettes. Tu n'as pas pensé à demander les clés, alors tu claques la porte doucement en sortant. Quand tu reviendras, ils seront réveillés.
Ce paysage est tellement calme pour toi qui es habitué à prendre l'ascenseur pour descendre de chez toi, que tu joues un rôle. Tu fais le mec tranquille qui sors sans chaussettes pour se balader dans la zone résidentielle. Tu souris un peu en passant devant les bâtiments publics.
Au numéro 11, un homme à la retraite taille ses thuyas. Plus loin, le tabac-presse vient d'ouvrir. Tu penses à prendre l'Est-France mais tu es sur la côte Atlantique. Tu aimerais prendre l'Ouest-Républicain, mais tu es sorti sans monnaie.
Et puis il ne faudrait pas tarder. Ils pourraient se réveiller et avoir le temps de s'inquiéter.
Sans connaître, tu prends vaguement un autre chemin pour le retour. D'un pas un peu plus pressé mais toujours dans ton rôle de mi-urbain, mi-rural. Les mains dans tes poches, tu vois émerger doucement la bourgeoisie docile. Les pharmaciens Royannais.