18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 00:00

Quand Marion s'est approchée j'ai essayé de me souvenir de la vidéo "How to kiss" sur youtube et puis j'ai pensé "hey, trop facile en fait"

Puis y a eu Clémence, au moment où s'est embrassés, c'était "alors elle m'aime ?"

Avec Damien, "c'est pareil finalement"

Puis la petite voix dans ma tête s'est faite grosse avec Alex "c'est bon ça !" 

Je me souviens plus de son prénom mais j'ai pensé, "nan, elle va éloigner son visage, il faut pas qu'elle s'éloigne, il faut que je la garde, là, bon tant pis, va"

Et puis elle: "oh putain oh putain oh putain oh putain oh putain oh putain"

Elle encore: "oh putain oh putain énorme! putain putain putain putain po po po"

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 00:00

"Elle est pas commode la grosse Marta", c'est le message qu'il a reçu dès ses premiers jours aux Jardins des Plantes de Nantes.

Il a toujours aimé les plantes. Il a toujours voulu prendre soin d'elles, au quotidien, les reconnaître tous les matins. Et les plantes le lui rendent bien. Petit déjà, il parlait aux tomates sur le balcon et mimait une conversation avec elles. Le voisin l'a même une fois filmé en cachette. Ses parents trouvent ça trop mignon. Il esquive les sessions de visionnage chaque année depuis ses 8 ans.

Alors quand il a vu une offre d'emploi au centre-ville, c'était le moment ou jamais d'arrêter officiellement sa première année de médecine. Il sera jardinier.

"La grosse Marta", c'est une légende : ce visage rougeaud a écumé tous les espaces verts de la ville avant de tomber ici il y a 8 ans. C'est la doyenne, et de loin. Elle inspirait aux autres peur et dégoût. Ceux qui avaient déjà fait quelques saisons difficiles ici tentaient d'influencer les planning pour ne pas se retrouver en binôme avec elle.

Du coup, dès la 3e semaine de Mars, il a retrouvé à côté de son nouvel aimant, celui - plus abîmé - annonçant "Marta Malski".

Il a été sans a priori. Marta est d'abord un peu rigide. Elle ne lui laisse pas de temps d'adaptation. Mais elle le surprend en train de parler aux muguets. Elle fait mine de lui mettre la pression, mais elle est adorable.

Les semaines passent, et il est systématiquement en binôme avec elle. Les autres lui font comprendre qu'il peut changer les aimants de place si il veut. Ils se portent volontaires pour le remplacer de temps en temps, "quand même, le nouveau, tous les jours avec la grosse". Mais il laisse les aimants comme ils sont. Les autres se posent des questions, commencent à l'éviter. Un matin, à la fin de son service, il s'est dirigé vers l'accueil pour se changer. Les autres discutaient joyeusement, ils étaient déjà arrivés.

Dès qu'il est entré, l'ambiance est retombée. Stéphane a reniflé en disant "enfin". Hicham a regardé son café au lait en y agitant sa touillette. Fannie a dit "ouais." et a pris cul-sec la dernière gorgée café avant de jeter le gobelet "chtac" dans la poubelle. 

Il note son passage sur le registre, mais il a perdu la page du jour. Il l'ouvre depuis le début et tombe sur les fiches des employés. Marta n'a que 44 ans, mais déjà 25 ans sous le soleil de Nantes. Les toutes premières années de sa vie à Gdansk ont dû l'abîmer.

Dehors, Marta croise les autres le visage fermé. Elle ne les salue pas.

Il reprend vite la page du jour.

Marta n'est gentille qu'avec lui.

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 00:00

D'habitude ça arrive dans un bus, avant de payer, après avoir couru longtemps pour y grimper. Ou sur le pas d'une boutique fermée, serrés parce qu'il pleut. Ou parce qu'elle a peur de quelque-chose, une poubelle qui tombe la nuit pendant qu'ils croisent un groupe de 10 hommes dans une zone industrielle. Ou sur le quai d'une gare, quand ils se disent ce qu'ils n'ont pas osés se dire parce qu'ils ne se reverront pas pendant 5 jours au plus court.

Mais eux rien. Comme ils se promenaient de jour, à pied et qu'il faisait beau, ils ne se sont pas embrassés.

Si la situation adéquate ne vient pas, c'est peut-être mieux comme ça.

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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 00:00

Tu confonds la compétition et l'ambition.

L'ambition, c'est interne, c'est devenir, c'est par rapport à toi-même. L'être plutôt que l'avoir.

La compétition (que tu appelles l'ambition), c'est externe, c'est être mieux ou avoir plus que l'autre, c'est par rapport à l'autre. L'avoir remplace l'être à partir d'un certain niveau.

Ce niveau où dans la grande compétition du monde, tu sais que tu es au-dessus. Ceux qui continuent de se battre, ceux qui restent dans la compétition malgré la satisfaction de leurs besoins sont fous. Et puisqu'ils continuent à pédaler dans le vide (ils "sont" déjà beaucoup, ils vivent de leurs cerveaux souvent, ils mangent à leur faim, sont divertis et vivent dans un endroit confortable), ils se battent pour l'avoir plutôt que pour l'être.

J'ai le sentiment déjà d'avoir atteint mon niveau. Ce niveau luxueux auquel on ne se bat plus, on ne montre plus les dents au travail, on ne cherche plus quel commerçant fait quelle marge. On est une victime heureuse, assumée, consentante, puisque l'énergie allouée à la compétition, l'attaque, l'agressivité aurait été largement supérieure aux miettes que l'on perd en ne faisant pas attention à qui nous double ou à qui nous retarde.

L'axe de mon ambition s'est progressivement tourné du vertical à l'horizontal ces derniers mois, en passant par la diagonale. J'ai atteint ce niveau de satisfaction. Maintenant, il ne me reste que la différenciation.

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14 février 2019 4 14 /02 /février /2019 00:00

C'est avec un être humain que tu vis. Un être humain tu sais, c'est comme un objet mais en qui-a-des-sentiments, beaucoup. Moi je suis beaucoup un être humain. J'ai mon équilibre et ma bancalité. Et tu peux me casser à tout moment. Je peux me casser à tout moment. L'homme qui t'aime va te quitter.

Merde, c'est pour toi que mon visage se tord, que ma bouche se tend à l'envers, c'est pour toi ces larmes sur mon A4 pliée en 4, c'est pour toi la morve plein les manches de la chemise qui d'ailleurs est la seule chemise que j'aie chez toi. C'est pour toi, l'image de moi sans chaussures assis sur le pas de pas-ton-immeuble en Octobre.

C'est pas "à cause de toi", c'est mon attitude à moi par rapport à toi, c'est "pour toi", oui.

Mon absence devrait t'inquiéter. Inquiète-toi, allez.

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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 00:00

Je sais pas pourquoi j'ai constamment besoin de me mettre quelqu'un dans la tête.

Comme pour me persuader que ca sert pas à rien de passer des journées. De cuisiner, de faire du vélo et de la poésie.

Mais putain après quand il faut retourner dans son coin, après une réponse froide, un blanc, un pas pressé, après qu'est-ce que c'est nul de vivre.

Sans personne dans la tête, dans le corps de personne.

Comme un gros sac bien lourd d'espoir et de perspectives. Je peux pas le garder tout seul très longtemps, je dois le projeter sur un autre visage, le porter à travers d'autres épaules.

Je sais pas pourquoi. Tu sais toi ?

...

Tu sais ?

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12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 00:00
19 août 2009, à 19 ans, 9 mois et 23 jours, ça y est, je le sais : je suis malheureux.

Je ne vis pas en accord avec moi-même.
Ceux que j'aime me fuient. Je fuis ceux qui m'aiment.
Je ne trouve plus le goût de la vie que dans la consommation de loisir.

amour aimer juste quand quitter route quitter partir voyage rugueux heureux mourir décalotter travailler dépérir tout quitter partir loyauté coincer friche frange vrai vrai vrai traduire freelance guérir haïr vivre vivre virer train grand xylophone quitter fratrie clitoris baiser plaisir déplaisir addition adéquation calcul guérison prison saleté tâche fourmilière caisse code barre work in progress prouver purée tuer buter avoir jouer perdu juigné trouer casser présidentielles bout tunnel psychologue assister humiliation cadre obligation obligation dessin animé couleur liberté frais imaginer créer réguler résoudre choix choix choix yaaa froid road-trip vent grrrr typo frein helder voir apprendre rédiger relation sanguine héraldique frangin communiquer art consommer pourrir maux syllogisme philo aimer passion stop vide néant repos mort plat rien rien du tout désert fini calme paisible quiétude inerte faible s'aplatir lâcher
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11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 00:00

Ce matin je me réveille naturellement, comme ceux qui savent pas dormir se réveillent la nuit pour capter l'heure du radio-réveil et se recoucher. Je me lève donc naturellement un peu après l'heure du réveil habituel. Ca tombe bien, la veille, dimanche, j'avais oublié de programmer le réveil.

 

Parti un tout petit peu en retard, je me dis dans l'ascenseur que le réveil sonnera donc pour rien vers 11h ou 11h30. Peut-être que ça réveillera les voisins. Arrivé en bas, je vois un mec en train de changer la roue de sa mercedes. Je me dis que ceux qui ont des voitures doivent sortir des excuses débiles quand ils arrivent en retard au bureau : "j'ai crevé, j'ai dû sortir le crick, je te dis pas la galère".

 

Hier soir, j'ai laissé mon vélo à un endroit assez inhabituel. Je le mets ici de temps en temps pour pas le laisser tout le temps au même endroit. Un peu comme les voitures devant lesquelles on passe devant chaque jour. Au bout de quelques mois, ce n'est plus qu'une carcasse. Alors, on passe devant une carcasse tous les jours.

 

D'abord, je me dis qu'il est pas à la barrière où je l'ai posé la veille. Et puis en avançant un peu plus, je dégage un tronc d'arbre de l'alignement et je peux voir le poteau où est attaché mon vélo. Ok, tout va bien. Jusqu'à ce qu'au bout de quelques mètres à rouler, je me rends compte que la roue arrière est crevée. Merde.

 

Bon, ç'aurait pu être pire, la roue avant n'a rien. Prochain feu rouge. La roue avant aussi. Merde de merde. Ok, les 45 minutes de vélo pourraient bien se transformer en 1h30. Je ferai bien d'y aller en métro aujourd'hui.

 

Et juste à côté de l'arrêt de métro, il y a... Décathlon ! L'ami des vélos. En plus ça tombe bien c'est pas trop cher. 5€ la pose de chambre à air ou de pneu. Pendant que deux autres gars qui ont sincèrement l'air con (mais ça ne sert pas l'histoire) se font servir, je patiente en remarquant - spectateur - les traces de couteau dans les pneus. Mes pneus. Putain.

 

- Bonjour.

- Bonjour, j'ai eu une mauvaise surprise ce matin, mes deux roues sont crevées. Enfin, je sais pas si c'est chambres à air ou des pneus...

 

Il prend mon petit vélo et l'installe sur un crochet d'examen.

 

- Vous avez des voisins sympas.

- Boarf, je sais pas, j'ai dû le garer au mauvais endroit.

 

Je patiente aussi en additionnant les prix affichés et en multipliant par le nombre de roues à traiter. S'il faut aussi les dévoiler, ça fait en tout... 23€. Putain de putain. Il me reste 3 semaines à aller au travail. Soit 30 trajets. 28 puisque je suis en congés jeudi. Admettons que je ne me serve plus de mon vélo, en déduisant les 8 tickets de métro que j'ai déjà, ça me fait 2 carnets de 10 à acheter. Soit 23,20€. Ca colle. Mais ça veut dire que s'il m'annonce un prix au-dessus de... disons 30€, je refuse. Ou au moins je réfléchis.

 

- 48,80€

- D'accord !

 

J'y tiens à mon vélo.

Et oui, c'est plus cher de changer la roue arrière. Et il faut ajouter au prix affiché, l'achat du produit.

 

- Je peux vous le faire en une demie-heure.

- En fait il faut que je parte au travail, je peux vous le récupérer ce soir ?

- Heu... C'est qu'on a pas trop de place pour les stocker. Vous pouvez passer entre midi et 2 ?

- Ben je bosse dans le 9e...

- Bon, ce soir sans faute ?

- Ok, j'essaie de passer à 19h.

 

Bon. Ben ça y est, je suis tout nu. Je dois même marcher comme un piéton pendant 150 mètres pour prendre le métro. Heureusement, j'avais prévu mon bouquin. Oui, depuis ce matin quand je me suis levé avec 20 minutes de reatrd, j'essaie de trouver à tout des cadeaux cachés. Genre : "hey, c'est génial, tu te serais pas précipité à te brosser les dents si tu t'étais levé à l'heure" ou "hey, c'est top t'aurais pas dit bonjour à ce mec super cool de chez Decathlon si on t'avait pas crevé tes pneus (ou tes chambres à air)". Voilà.

 

Sur le chemin du métro, j'appelle mon entreprise (l'endroit où je fais des choses productives) comme le font les gens qui ont la classe. Ce sera un retard de trois quarts d'heure sur mon habitude, alors cela mérite d'être signalé. "hey, c'est excellent, t'aurais pas pu appeler ton entreprise si tu t'étais réveillé à l'heure et si on t'avait pas charcuté ton vélo et si t'avais pas été le faire réparer".

 

Au travail, ça a été. J'ai juste quitté plus tôt que d'habitude pour pouvoir passer à Decathlon à temps. "hey c'est super, j'aurais pas pu profiter de cette horrible pluie si j'avais pas quitté plus tôt". Decathlon, je paie à une caisse automatique avant de récupérer mon vélo. Je me rends compte que j'aurais pu faire semblant de payer, bah c'était pareil. Le monsieur m'aurait rendu mon vélo.

 

Coup de fil en attendant que la pluie se calme. Il faut quand même que je me fasse plaindre par quelqu'un de proche. En dehors des réglementaires 20 secondes de compassion de la part des collègues ce matin. La voix à l'autre bout du fil me conseille de monter mon vélo chez moi maintenant. "hey, c'est une idée formida..."

 

- Heu mais non, chez moi, ça fait 20m².

- Comme tu veux.

- Ouais nan, laisse tomber.

 

Bon, la pluie ne s'est pas calmée. Tant pis, au point où j'en suis, franchement, être sec ou trempé... Je grimpe un trottoir de biais comme d'habitude, mais apparemment, j'ai pas les mêmes pneus que la semaine dernière. Je veux dire, c'est aussi un modèle différent. C'est des trucs de bikers, de vtt ou de cross, je sais pas. Du coup, ben je me ramasse, enfin, je me rattrape, mais je ramasse mon vélo. "hey c'est canon, t'aurais pas déraillé ni tordu ta selle et ton guidon si il t'était pas arrivé toutes ces MERDES AUJOURD'HUI!!"

 

Finalement, je me sens pas de remettre mon vélo au même endroit, ni à l'endroit habituel (rappelons que le lieu du délit est distinct du lieu d'attache quotidien). Voilà, maintenant je suis chez moi, "hey c'est merveilleux, tu aurais jamais été chez toi à 19h15 si..." Si c'était pour perdre une heure à écrire ça, j'aurais préféré me lever à temps et aller travailler à vélo.

 

Et le cadeau caché enfin. Quand j'avais onze ans, je faisais du vélo et de la trottinette en chaussettes dans l'appartement. Un peu à la manière du petit dans Shining avec son tricycle. Et là, à 20 ans dans 20m², je retrouve le contact des pédales sur les chaussettes et celui du vélo sur la moquette.

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 00:00

Je suis boulanger depuis huit ans. Aujourd'hui, à l'ouverture, je vois débarquer un mec a qui on a volé le scooter. Jeune. Bien habillé, mais sale. Il sent l'alcool.

Le quartier a changé depuis qu'ils ont installé une grande école dans la rue d'à côté.

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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 00:00

Par période, on correspond avec ce mec. Par moments, on s'appelle, on s'envoie des messages, on se croise au travail aussi. Mais on s'envoie des messages surtout. Question de respect de la vie privée.

On se voit jamais en fait. Certainement qu'une fois on s'est bien apprivoisés, au bout de (quoi?) deux semaines à s'écrire... On a un autre plan qui frappe à la porte. Un ex ou un nouveau. Et puis quand c'est fini, quand on pensait plus à personne, y'a toujours ce vieux message qui était resté en brouillon.

Alors, je lui réécris. Je lui fait part d'un petit malaise, sans nommer les choses. Je lui dis que c'est vaguement une histoire de mec pour lui donner l'occasion de me répondre que les mecs sont tous des cons sauf lui. Mais parfois, il me répond pas.

Ca faisait (quoi?) trois semaines que je lui avais pas répondu en même temps. C'est certainement pas pour se venger, sans doute juste qu'un autre plan est venu frapper à sa porte. Comment on pourrait être jaloux, on est même pas potes. Ca me fait rien d'imaginer qu'il m'attend pas. Ca me rassure. C'est peut-être pour mieux m'attendre. C'est surtout le peut-être qui nous rassure.

Quand la fille se cassera de chez lui un matin, au bout de (quoi?) 12 heures chez lui, bah il restera con. Mais pas trop longtemps, (quoi?) 2 jours. Puis, il répondra à mon message. Et au bout de (quoi?) une semaine, on s'appellera. On verra si je décrocherai.

Comme ça, on se croise souvent. Ca fait (quoi?) 6 mois qu'on se croise. C'est cool cette situation, ça permet de pas être perdue, d'avoir un espoir auquel me raccrocher, tout le temps, peu importe les courants. Une petite passion, toute petite, pas dévorante. Grignotante.

Il faut qu'on se croise vraiment un jour. Depuis le temps qu'on se croise. Depuis le temps qu'on nous passe dessus. Depuis le temps qu'on y pense.

Bon, je lui téléphone. Je lui propose (quoi?) un ciné ?

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